Van Snick : «J’ai éprouvé de la lassitude»

Publié le 20 April 2016

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Ce jeudi à Kazan, Charline Van Snick défendra son titre continental.  Avec une confiance retrouvée après un début d’année difficile.

Il suffit d’entendre le son de sa voix, de s’arrêter un instant sur les intonations qu’elle met à la fin de chaque phrase pour comprendre que Charline Van Snick a retrouvé la sérénité. En février, le mois où elle a manqué ses objectifs à Paris et à Düsseldorf, elle donnait des réponses courtes, sèches. La tension était palpable. À Kazan depuis lundi pour défendre son titre européen en -48 kg, la Liégeoise semble avoir repris des couleurs. Le moral est au beau fixe et l’envie de bien faire, plus forte que jamais.

Dans quel état d’esprit abordez-vous cet Euro?

J’ai envie de renouer avec la victoire, bien sûr. C’est mon moteur. Mais j’aspire avant tout à retrouver des bonnes sensations, à prendre du plaisir.

© Belga

Il y a un an, Van Snick avait logiquement remporté son premier titre de championne d’Europe. © Belga

Voulez-vous dire que cette joie de combattre avait disparu en février?

Disons que j’ai l’impression d’avoir perdu la notion de plaisir durant une certaine période. Je me suis accrochée mais ça a logiquement joué sur mes résultats. À un certain moment, j’ai éprouvé de la lassitude. J’ai connu le doute. Comme tout le monde. Je ne suis pas une machine.

On a notamment beaucoup parlé de ce régime incessant qu’il vous fallait faire avant les compétitions…

Cela fait partie de ma vie. Je l’accepte. J’ai essayé des choses. J’ai pris des risques. Je n’ai pas envie d’entrer les détails mais ce nouveau régime alimentaire ne me convenait plus à la fin. Je suis revenue à quelque chose qui me correspond mieux. Attention: je ne regrette pas d’avoir tenté une autre approche! Mais, aujourd’hui, je me sens de nouveau pleinement d’attaque.

Avec votre 5e place au Grand Chelem de Paris et votre élimination précoce à Düsseldorf, avez-vous le sentiment de ne pas avoir répondu aux attentes?

Je n’ai pas obtenu les résultats que je voulais, c’est sûr. Mais on a eu tendance à dramatiser ma situation. Tout le monde peut traverser des périodes plus difficiles. Novak Djokovic a perdu au 1er tour à Monte-Carlo. Est-ce que les gens remettent en cause le fait que c’est un énorme champion? Je ne pense pas. Les autres ont peut-être tendance à s’inquiéter de manière exagérée pour moi. Ça m’a un peu énervée. En février, j’ai eu un coup de moins bien. Mais, c’est du passé. J’avais besoin de sérénité et je l’ai retrouvée depuis.

Est-ce pour retrouver cette sérénité que vous n’avez plus fait de compétition depuis fin février?

(elle coupe). Mais non! Je n’ai pas du tout l’impression de m’être mise en retrait. D’ici aux JO, il y aura encore l’Euro et le Masters. Au total, ça me fera quatre tournois. Ce n’est pas si peu que ça. Je dirais que pendant ces six semaines, j’ai fait des réglages. Un peu comme en Formule 1.

«

Je sais que j’ai le potentiel pour aller chercher l’or mais ça ne dépendra pas que de moi.

»

On vous sent plus détendue aujourd’hui. Est-ce une façade?

J’ai toujours autant d’ambition. Je veux tout gagner. Mais j’ai appris à relativiser. Je suis beaucoup plus relax qu’avant le Grand Chelem de Paris. Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain mais j’ai compris qu’il faut pouvoir remettre les choses dans leur contexte. Dans le sport de haut niveau, tout est amplifié. Parfois, tu gagnes et tu es persuadé qu’il ne peut pas y avoir de joie plus grande. Parfois, les sacrifices que tu fais sont tellement difficiles que tu n’en vois pas le bout. Tu te demandes quand cela va s’arrêter.

À partir de quel moment serez-vous satisfaite de votre Euro?

Si je ne commets pas d’erreur et que je parviens à me libérer sur le tapis en n’ayant plus de blocage comme ce fut le cas en février. Là, je serai déjà très heureuse. Parce que je profiterai de ce que je fais. C’est fondamental. Après, je vise clairement un deuxième sacre d’affilée. Mais je ne serai pas seule et ça ne dépendra, donc, pas que de moi. Je reste l’une des favorites. Et je sais que j’ai le potentiel pour aller chercher l’or.

Et si vous ne montez pas sur le podium?

Je n’y pense pas. Je vais y aller avec mes tripes et on verra ce que cela donne. Cette compétition est le premier de mes trois objectifs de l’année.

Cet Euro n’est, donc, pas un test sur la route de Rio?

Je ne le vois pas comme ça. Je ne pense pas encore aux JO. Il y a d’autres échéances avant. Là, je me sens bien. Finalement, mon coup de moins bien est peut-être tombé au bon moment. On verra.

© David LEHAIRE

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