Le MMA comme source d’inspiration du judo ?

Publié le 4 November 2015

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Face au MMA dont la cote de popularité ne cesse de grimper auprès des combattants, le judo tente de limiter la casse. Analyse d’un duel à distance.

Février 2015. A quelques semaines des championnats d’Europe, la Fédération européenne de judo annonce qu’elle annule l’Euro de Glasgow. En cause, la présence de l’Ultimate Fighting Championship (UFC), la plus organisation professionnelle d’arts martiaux mixtes (MMA), parmi les plus principaux sponsors de l’événement. Si, pour les judokas, il s’agit avant tout de repenser leur planning de l’année, les observateurs, eux, tiennent là la preuve du désamour du judo – ou, en tout cas, de ses autorités – pour le MMA.

« Les critiques que j’entends le plus souvent de la part de nos détracteurs sont souvent liées à l’environnement ou aux règles de notre sport, explique Christophe Vandijck, ancien champion de Belgique de judo converti au MMA. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que la cage dans laquelle on combat permet de sécuriser les combattants : ça évite qu’ils se blessent gravement en tombant du ring. Et pour ce qui concerne les frappes au sol, le MMA n’invente rien… Comme son nom l’indique, il s’agit d’un mélange de plusieurs arts martiaux, comme le judo, le jiu-jitsu ou la karaté. Et puis, soyons honnêtes, certains combats de boxe, par exemple, peuvent être beaucoup plus violents. Dans ce sport, un participant peut aller plusieurs fois au sol avant que l’arbitre ne stoppe la rencontre. En MMA, un seul K.O. suffit à mettre fin au combat. »

© Reporters

Certains à-côtés du MMA peuvent-il inspirer le monde du judo ? © Reporters

Notamment décrié par plusieurs pontes du judo mondial parce qu’il attire de nombreux judokas – comme Ronda Roussey et Satoshi Ishii, deux anciens champions olympiques – en quête de nouveauté, le MMA possède surtout un atout de taille : sa médiatisation. « Même si on pense souvent qu’on devient riche en faisant ce sport, ce n’est pas vrai, assure Christophe Vandijck. Les primes perçues lors des combats sont intéressantes mais finalement très rares, surtout en Europe. Par contre, c’est clair qu’à statut égal, nous sommes plus médiatisés que les judokas professionnels. » Et l’ancien sociétaire de l’Inter Gembloux-Wavre de poursuivre sa comparaison. « En Belgique, même si j’ai l’impression que ça change un peu pour la nouvelle génération, on ne peut que regretter que le grand public ne connaisse pas assez les judokas qui ont réalisé de grandes choses. Prenez l’exemple de Cédric Taymans, mon ancien entraîneur national : il a beau avoir décroché d’énormes titres dans sa carrière, presque personne ne le reconnaît dans la rue. Alors qu’en MMA, c’est différent… Et ce n’est pas normal, je trouve. Ce qu’il manque en fait au judo, c’est de la pub ! » Un constat que nuance Michel Bertrand, président de la Fédération francophone belge (FFBJ), sans pour autant le rejeter en bloc.

Car, s’il estime qu’« il ne faut pas chercher à dénaturer le judo, avec ses valeurs et ses traditions », le N°1 de la FFBJ comprend l’intérêt de certaines pratiques utilisées dans le MMA : « Je pense qu’il y a par exemple moyen de s’inspirer un peu de leur sens du show pour rendre nos championnats encore plus attrayants. Imiter ce que font les clubs allemands lors des interclubs, avec des judogis de couleur différente et une vraie promesse de spectacle, peut être intéressant. A condition que tout ça reste dans des proportions acceptables, afin que le judo conserve son identité. » Voilà – qui sait ? – une solution pour « contrer » le MMA…

En tout cas, ce qui est sûr pour Christophe Vandijck, c’est que « le judo ne doit pas se renfermer sur lui-même » : « Au contraire, interdire à ses combattants de s’essayer aux Mixed Martial Arts, c’est le meilleur moyen de les pousser vers cette discipline pour voir ce qu’il s’y passe vraiment. »

© Alan MARCHAL

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