Martinuzzi avant les Mondiaux : “Redevenir challengers peut faire du bien aux Belges”

Publié le 28 August 2017

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Damiano Martinuzzi, un des entraîneurs francophones présents aux Mondiaux de Budapest, l’assure : “Tout a été fait pour que nos judokas répondent présents au rendez-vous.”

A Jodoigne pour régler les derniers détails avec Lola Mansour, Kenneth Van Gansbeke et Toma Nikiforov avant de s’envoler pour les championnats du monde de Budapest, Damiano Martinuzzi se montre assez confiant avant l’entrée en lice des Belges. Interview.

Comment la préparation pour ces Mondiaux s’est-elle déroulée ?

Très bien. Pendant plus d’un mois, les athlètes ont parfaitement suivi le programme qu’on leur avait concocté. A l’entame du tournoi, on peut dire qu’ils sont prêts.

Outre le stage physique de Spa, qu’est-ce que le staff francophone avait planifié pour ses judokas ?

Nous ne voulions pas les tuer inutilement à la tâche. On avait donc programmé deux gros stages, avec des plages de repos, avant le dernier à Jodoigne. Ainsi, outre Papendal, aux Pays-Bas, où toute la délégation belge a été invitée à partager les tapis avec les élites néerlandaises pendant plusieurs jours, les hommes ont aussi la chance d’être accueillis à Houlgate, dans le Calvados, pour un stage organisé par l’équipe de France. Là-bas, on a côtoyé le gratin de quelques-unes des meilleures sélections au monde comme la France évidemment, mais aussi le Japon, le Brésil, l’Allemagne et l’Ouzbékistan. Pour prépararer des Mondiaux, il n’y a rien de mieux car c’est en s’entraînant avec les meilleurs qu’on peut vraiment se jauger, peaufiner les détails et s’améliorer.

 

“En judo, je pense qu’on gère mieux les défaites que les victoires.”

 

Qu’est-ce que ça signifie pour un petit pays comme le nôtre d’être invité à ce genre de stage par de grandes nations du judo ?

C’est le signe qu’on accomplit du bon boulot en Belgique mais aussi que le talent et le travail de nos judokas est reconnu à l’étranger. L’équipe de France ne s’amuserait pas à nous inviter chez eux pendant dix jours si c’était uniquement pour faire le nombre. Non, on sent bien qu’on est respecté. C’est une fierté. Surtout qu’à Houlgate, nos athlètes n’y ont pas joué les seconds couteaux alors qu’ils étaient opposés à des gars du top mondial. Et ça, pour eux, voir qu’ils peuvent faire jeu égal avec des médaillés olympiques ou mondiaux, ça leur fait aussi du bien au moral.

Van Gansbeke sera la premier représentant masculin à monter sur le tapis à Budapest. © EdA – Alan MARCHAL

Avez-vous justement ressenti une baisse de moral chez nos judokas après un Euro relativement décevant dans l’ensemble ?

En judo, je pense qu’on gère mieux les défaites que les victoires. Dans le cas de l’Euro, Toma Nikiforov, Kenneth Van Gansbeke et les autres ont directement cherché à comprendre ce qui n’avait pas été à Varsovie. Pour ma part, je ne parlerais pas d’échec total. Bien sûr, on n’a pris aucune médaille alors qu’on avait l’espoir de décrocher plusieurs podiums mais est-ce qu’il faut tout remettre en cause parce que la compétition ne s’est pas passée comme prévue ? Je ne le pense pas. Avec le staff, on a débriefé le tournoi de chacun et on a fait notre auto-critique. Comme on le dit aux judokas, on est tous dans le même bateau : on s’est remis en question et on est reparti de l’avant désormais. Après, il ne faut pas se mentir : la Belgique a beaucoup de talents dans ses rangs mais il y a d’autres nations bien plus fournies que la nôtre. Ce que je veux dire, c’est qu’il ne faut pas s’attendre à ce que les Belges remportent toutes les compétitions auxquelles ils participent, même s’ils sont forts. En judo, la concurrence est tellement présente qu’il y a peu d’athlètes qui dominent outrageusement leur catégorie. Un cas comme Teddy Riner, c’est inédit. D’ailleurs, il suffit de regarder les résultats des tournois et on s’aperçoit que c’est souvent un combattant différent qui s’impose.

Van Snick et Van Gansbeke pour lancer les hostilités

Comme toujours, c’est Charline Van Snick (-52 kg) qui sera la première à fouler les tapis des Mondiaux, ce mardi. Mais contrairement aux éditions précédentes où elle combattait dès le premier jour du tournoi, c’est ce mardi qu’elle entrera en lice. Et ce, en raison de son récent changement de catégorie de poids.

Battue d’entrée à l’Euro de Varsovie face à une solide adversaire, la Liégeoise, qui a déjà remporté deux médailles internationales cette année, a peaufiné sa préparation en Espagne et en Israël notamment. Objectifs ? Poursuivre son ascension dans sa nouvelle caté – elle est actuellement 22e au ranking mondial – et aller le plus loin possible dans un Mondial où, pour la première fois depuis plusieurs années, elle n’est pas désignée parmi les favorites au titre.

De son côté, Kenneth Van Gansbeke (-66 kg), également écarté d’entrée à l’Euro, se dit prêt pour son premier championnat du monde. Un première expérience dans une ville qu’il connaît pourtant bien puisqu’il y avait déjà remporté le bronze en 2013 lors de l’European Open.

 

Est-ce que vous ressentez un sentiment de revanche chez certains Belges avant les Mondiaux ?

Non, pas vraiment. Et je ne le souhaite pas car les Mondiaux n’ont pas grand-chose à voir avec l’Euro. A Budapest, la concurrence sera encore un cran plus élevée. Ce n’est pas là qu’il faudra se prendre la tête avec un sentiment de revanche.

Que peut-on espérer de nos judokas en Hongrie ?

Tout ! En 2015, Toma Nikiforov a déjà été médaillé de bronze dans un Mondial. Pourquoi ne pas refaire le même coup cette année ? Et puis, on peut toujours avoir des surprises en judo, contrairement à d’autres sports où se sont souvent les mêmes champions qui s’imposent.

 

“Ce qu’on attend de ces Mondiaux ? Que nos judokas passent un cap dans leur carrière !”

 

Contrairement aux éditions précédentes, aucun Belge ne sera tête de série cette semaine. Est-ce problématique ?

Je ne le pense pas. A nouveau, le niveau sera tellement élevé à Budapest que personne ne sera vraiment protégé par un statut de tête de série. Il faudra être bon dès le début de la compétition. Il suffit de se souvenir de l’Euro… A Varsovie, nous avions quatre têtes de série dans la délégation et personne n’avait atteint le bloc final.

A l’inverse, ce statut d’outsider pourrait-il enlever un peu de pression à certains ?

Peut-être bien. Débuter une compétition avec le statut de favori, c’est très dur mentalement. J’espère qu’en redevenant challengers, Toma Nikiforov, Joachim Bottieau et les autres combatteront avec l’esprit un peu plus libre.

Une partie de l’équipe francophone a peaufiné les derniers détails lors du stage international de Jodoigne. © EdA – Alan MARCHAL

A partir de quel moment serez-vous satisfait de leurs performances ?

Physiquement et mentalement, ils me font tous une très bonne impression. Ce qu’on attend désormais d’eux, c’est de passer un cap dans leur carrière, que la médaille soit au rendez-vous ou pas. S’ils se font éliminer après avoir tout donner sur le tapis, on n’aura alors aucune raison d’être déçu.

Chouchi forfait en dernière minute : “Un coup dur pour tout le monde”

Touché aux ligaments du genou gauche lors d’un entraînement anodin, Sami Chouchi (-81 kg) a déclaré forfait quelques jours avant le début des championnats du monde de Budapest.

“C’est un coup dur pour l’ensemble de l’équipe, note son entraîneur Damiano Martinuzzi. Le judo a beau être un sport individuel, c’est une discipline où il est impossible d’avancer tout seul. Sami, Toma et Kenneth sont amis aussi bien à l’entraînement que dans la vie de tous les jours. Savoir qu’un des gars avec qui on a fait toute la préparation doit renoncer à quelques jours des Mondiaux, ça nous affecte tous.”

Malgré sa déception, le Bruxellois est toutefois resté aux côtés des autres judokas belges à la demande du staff francophone. “Pour nous, c’était important qu’il reste parmi nous à Jodoigne pour terminer complètement la préparation, ajoute Damiano Martinuzzi. On ne voulait pas qu’il sorte de l’équipe. C’est un membre à part entière et on sait qu’il sera là pour soutenir ceux qui monteront sur le tapis à Budapest.”

© Alan MARCHAL

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