Taymans : “Réunir pour tirer le meilleur de nos talents”

Publié le 19 April 2017

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Avec huit judokas en lice dès ce jeudi, la Fédération francophone envoie à Varsovie sa plus grosse délégation dans un championnat d’Europe. “Le résultat du travail acharné de toute la cellule sportive”, résume Cédric Taymans, le directeur technique de la FFBJ. Focus sur un staff qui accumule les performances au plus haut niveau.

Le directeur technique de la FFBJ donne ses consignes. © EdA – Alan MARCHAL

“Allez, ça ne sert à rien de se cacher dans votre coin!” Bien qu’il ne soit pas le plus grand de l’assemblée, Cédric Taymans sait se faire entendre de la centaine de judokas qui participent à son stage de Pâques organisé à Jodoigne. Un oeil sur les jeunes qui répètent leurs gammes et l’autre sur les sélectionnés francophones qui peaufinent ce jour-là leur préparation pour les championnats d’Europe de Varsovie avec Damiano Martinuzzi, Fabrice Flamand et Frédéric Georgery, le directeur technique de la Fédération francophone jongle entre les entraînements des uns et des autres. “Comme tous les membres de notre cellule sportive, précise l’ancien vice-champion du monde (2001). Parce que c’est aussi et surtout grâce à leur travail que nous sommes par exemple parvenus à qualifier autant de judokas pour l’Euro.”

Car, c’est un constat, depuis son arrivée à la tête de la cellule sportive, Cédric Taymans enchaîne les bons coups. De la médaille olympique de Charline Van Snick aux Jeux de Londres à l’énorme délégation francophone qui s’est envolée cette semaine pour Varsovie en passant par l’explosion de Toma Nikiforov, les excellentes performances des judokas de la FFBJ ne cessent de s’accumuler. Ce qui n’a pas toujours été le cas.

En tant que directeur technique, mon objectif est d’offrir aux judokas ce qui m’a manqué lorsque j’étais moi-même athlète

“Au tout début, lorsque Bernard Tambour m’a convaincu de devenir entraîneur au sein de la Fédération, je me souviens qu’on était dans le creux de la vague en Wallonie, raconte le DT francophone. Nous avions du talent mais la structure de l’époque ne nous permettait pas de l’exploiter totalement.”

De gauche à droite, Alexandre Quertinmont, Damien Bomboir, Frédéric Georgery, Cédric Taymans, Damiano Martinuzzi, Angelo Mendolia et Fabrice Flamand sont quelques-uns des membres de la cellule sportive de la FFBJ. © EdA – Alan MARCHAL

Devenu directeur technique “par la force des choses” – “Je n’ai accepté d’occuper ce poste laissé vacant qu’à partir du moment où j’étais assuré de pouvoir créer ma propre équipe” – Cédric Taymans va vite s’entourer de personnes de confiance. En plus de Frédéric Georgery, préparateur physique et directeur technique adjoint, et des entraîneurs de la première heure, Damiano Martinuzzi (hommes), Fabrice Flamand (femmes) et Damien Bomboir (espoirs et juniors), sont venus se greffer Nicole Flagothier et Angelo Mendolia (espoirs) ainsi qu’Alexandre Quertinmont, un deuxième préparateur physique, et Stany Deruiver, le coordinateur sportif “qui couche sur papier tout ce qu’on a en tête”. “J’ai toujours souhaité travailler avec des gens d’ici, détaille le directeur technique. Même s’il existe aussi des entraîneurs de grande qualité ailleurs, je préfère m’entourer de personnes avec qui je partage la même philosophie et les mêmes codes.” Avec, comme principale volonté, de tendre “vers les valeurs japonaises plutôt que le judo inspiré par le bloc de l’est”.

“Un leitmotiv ? Réunir !”

Loin de tout vouloir révolutionner, Cédric Taymans et les membres de sa cellule sportive ne cachent pas leur envie de faire évoluer le système actuel. D’où l’idée de mettre sur pied des pôles régionaux.

“Quand j’étais athlète, je souffrais de devoir m’entraîner seul à certains moments, se souvient l’Intériste. J’en ai tiré une certaine force de caractère mais je sais aussi à quel point ça peut être démoralisant. Pour éviter ça, on a créé des pôles d’entraînements dans trois régions bien distinctes : le Hainaut, Liège et le Brabant-Namur.” Autant de rendez-vous auxquels s’ajoutent encore un rassemblement de tous les pôles tous les 15 jours et les traditionnels entraînements nationaux.

Des talents comme Charline Van Snick ou Toma Nikiforov constituent des exceptions. Notre travail, dans la cellule sportive, est donc de les aider à rester au top et de pousser les autres judokas à se révéler. Et quand je vois des filles comme Myriam Blavier et Gabriella Willems qui sont encore juniores mais qui vont participer à leur premier Euro chez les seniors, je me dis qu’on est sur le bon chemin.

Contrairement à la France où “les pôles sportifs gardent leurs athlètes pour ne les lâcher qu’au moment des vacances, notre cellule a décidé d’agir différement en ne gardant les judokas que durant les congés scolaires afin de réaliser le travail de fond.” Et ce, pour deux raisons assez simples. “Premièrement, chez nous, c’est encore trop compliqué d’allier les études et le sport de haut niveau. Et deuxièmement, on veut garder les clubs au centre de la formation.”

Car, si elle est parfois critiquée pour “piquer les talents aux clubs”, la cellule sportive de la FFBJ s’en défend : “Nous ne sommes pas là pour “voler” les athlètes mais pour leur fournir des outils supplémentaires et leur faire profiter de notre expérience. Jamais nous n’interdirons à un judoka de retourner dans son club mais il faut aussi se rendre compte que nous sommes soumis à des impératifs, notamment en ce qui concerne le calendrier des compétitions internationales.” Et Cédric Taymans de poursuivre : “On sait que le travail effectué dans nos clubs est primordial mais il faut aussi pouvoir accepter que nous apportions notre touche à la progression d’un judoka. Et croyez-moi, dès que c’est possible, nous essayons de faire plaisir aux clubs qui jouent le jeu. Comment ? En les valorisant au maximum via des rencontres à venir avec nos champions, par exemple.”

Van Gansbeke, à la FFBJ “pour un meilleur suivi”

Van Gansbeke fait partie des judokas sélectionnés par la FFBJ pour les championnats d’Europe. © EdA – Alan MARCHAL

Signe que le système mis en place par la cellule sportive francophone rencontre un certain succès, ils sont quelques-uns à s’être affilié en Wallonie pour bénéficier des conseils de Cédric Taymans et de son staff. Exemple avec Benjamin Harmegnies (+100 kg) ou encore Kenneth Van Gansbeke (-66 kg), le principal rival de Jasper Lefevere.

“Cela faisait quelques mois que je ressentais le besoin de changer d’air, explique Kenneth Van Gansbeke, militaire de carrière. J’ai besoin d’être conseillé en permanence mais ce n’était pas le cas avant car Robert Krawczyk (l’entraîneur des élites au sein la Fédération flamande de judo, NDLR) devait parfois retourner en Pologne. Du coup, je me suis tourné vers la Fédération francophone où le suivi me convient mieux.”

Egalement heureux à l’idée de ne plus devoir faire trop de kilomètres pour s’entraîner – “Et avec le centre de Louvain-la-Neuve, ce sera encore plus facile” – Kenneth Van Gansbeke espère rendre la pareille à ses nouveaux entraîneurs lors des championnats d’Europe de Varsovie. “J’ai terminé 7e en 2016. Mon objectif est donc de faire mieux cette année. Une 5e place ne serait pas si mal mais je sens que j’ai les capacités pour monter sur le podium.”

Dans l’attente de l’ouverture du futur dojo fédéral, la cellule sportive a encore beaucoup d’autres projets dans ses cartons. “Comme, justement, consolider les ponts qui se créent entre les clubs et le niveau fédéral, note Cédric Taymans. Heureusement, pour tout ça, nous pouvons compter sur un président et un conseil d’administration qui nous soutiennent dans notre travail quotidien et qui ont la même philosophie que nous.”

Les pieds bien sur terre – “Je ne m’emflamme jamais, même si je me rends bien compte qu’on commence à profiter du fruit de notre travail entamé il y a quelques années” – Cédric Taymans espère désormais que “les judokas belges seront financièrement mieux récompensés de leurs efforts”. “L’argent, c’est ce qu’il manque à notre sport. Que des athlètes comme Charline Van Snick ou Toma Nikiforov, qui ont pourtant déjà décroché de fameuses médailles internationales, ont parfois du mal à boucler leur fin de mois, ce n’est pas normal. Je ne demande pas qu’ils roulent tous en Porsche mais quand même… Bref, il y a encore du travail.” Et peut-être déjà de nouvelles récompenses dès cet Euro.

© Alan MARCHAL

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