Chouchi de retour à l’avant-plan : “Mes efforts sont récompensés”

Publié le 20 April 2017

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De retour en compétition depuis quelques semaines seulement, Sami Chouchi, longtemps absent des tatamis après s’être luxé l’épaule lors du Grand Chelem de Paris 2016, s’apprête à vivre un Euro “inattendu”.

Malgré plusieurs mois d’absence, Chouchi est parvenu à se qualifier pour l’Euro. © EdA – Alan MARCHAL

Février 2016. Pour son entrée en lice au Grand Chelem de Paris, Sami Chouchi se démet l’épaule gauche en rentrant un mouvement en même temps que l’Italien Antonio Esposito. Fin du combat, retour sur le billard et début d’un long chemin de croix pour le judoka bruxellois qui doit dire adieu à son rêve olympique.

Tandis que Dirk Van Tichelt, son rival chez les moins de 73 kilos, s’entraîne alors pour les Jeux de Rio, l’étudiant en éducation physique prépare son retour. Un retour qu’il effectuera dans la catégorie de poids supérieure (-81 kg).

Aujourd’hui beaucoup plus à l’aise avec son poids, Sami Chouchi, qui a bien changé physiquement – “Disons que j’ai pris un peu de masse musculaire” – prend la vie du bon côté. Et aborde les championnats d’Europe avec philosophie.

Sami Chouchi, comment vous sentez-vous à quelques jours de l’Euro ?

Je me sens bien dans ma peau. Je suis très heureux à l’idée de participer à ces championnats.

Il ne vous aura donc fallu que deux compétitions pour vous qualifier pour l’Euro. Peut-on parler de retour gagnant ?

Ce n’est pas vraiment à moi d’en juger. Ce que je peux dire, c’est que j’ai réalisé de bonnes choses à Rome et Katowice.

La forte concurrence belge dans ma catégorie ? Ça ne change pas grand-chose pour moi car c’est quelque chose que j’ai toujours connu avec Dirk Van Tichelt. Que ce soit Dirk, Joachim (Bottieau) ou Matthias (Casse), l’objectif est le même : il faut faire de meilleurs résultats que les autres. En fait, je trouve même que c’est une saine rivalité car ça nous force à toujours donner le meilleur de nous-mêmes.

En Italie, pour ma première compétition officielle depuis Paris (en 2016), je n’ai peut-être fait que deux combats mais j’en retiens beaucoup de positif. J’avais une meilleure attitude qu’avant mais malheureusement, quand tu es en manque de compétition, ça se ressent très vite et ça se paie cash. Et ça a été le cas pour moi. Après Rome, je me suis remis en question, j’ai analysé ce qui n’avait pas été et j’ai un peu ajusté mon judo. C’est ce qui m’a permis de vite faire une médaille, en Pologne (à l’European Open de Katowice, NDLR), lors de ma sortie suivante. Là-bas, tout n’a pas été parfait car j’ai notamment fait une grosse erreur en demi-finale mais j’ai aussi senti que je m’améliorais déjà.

Est-ce que vous vous attendiez à faire une médaille aussi rapidement après votre retour ?

Sans prétention, je savais que j’en étais capable car j’ai toujours les qualités nécessaires pour monter sur un podium. C’est clair que je n’allais pas là-bas dans l’idée de ne faire que deux ou trois tours. Je voulais vraiment cette médaille. Après, pour être honnête, je trouve aussi que ce podium est arrivé vite.

Et pour ce qui est de votre qualification pour les championnats d’Europe ?

Ça, par contre, ce n’était pas du tout prévu. Ce n’était tellement pas prévu que j’avais réservé mon mois de mars pour faire des stages à l’université alors que ça correspond au début de la préparation pour l’Euro. A la base, mon objectif principal de l’année c’était de prendre part aux championnats du monde.

Chouchi : “Il faut parfois peu de choses pour que tout se mette en place parfaitement” © G. Sabau (IJF)

Dans ce contexte, comment abordez-vous l’Euro ?

Je vais prendre ces championnats comme une compétition normale, sans trop de pression. C’est une sorte de bonus inattendu que j’ai préparé comme je peux, en sachant qu’il y avait aussi les études sur le côté.

Un Euro sans pression, c’est un Euro sans ambition ?

Ah non ! Peu importe la compétition, j’y vais toujours pour aller le plus loin possible. Bien sûr qu’on vise tous la médaille en montant sur le tapis. Après, je ne suis pas complètement naïf : je sais que je ne serai pas le favori à Varsovie. Même si à Rome et à Katowice, je n’ai eu besoin que de deux semaines de préparation pour y faire quelque chose de bien. Donc, on ne sait jamais… Il faut parfois peu de choses pour que tout se mette en place parfaitement. Car je sais que quand je m’applique et que j’écoute bien les conseils qui me sont donnés, je peux réaliser de belles choses.

Jamais vous n’avez douté durant votre revalidation ?

Physiquement, j’ai un peu accusé le coup à cause des régimes à répétition que je m’imposais quand je combattais chez les moins de 73 kilos. Je ne me sentais pas au top de ma forme. Je saturais un peu. Mais bon, c’est du passé désormais. Aujourd’hui, je me sens beaucoup mieux car je suis aussi beaucoup plus à l’aise avec mon poids. Je n’ai qu’une envie : aller de l’avant.

 

Dans le judo, tous les efforts consentis paient un jour où l’autre. Ça nous apprend une discipline de vie. Ceux qui arrêtent ne sont pas lâches, mais ils se mentent sans doute un peu à eux-mêmes.

 

Bon, après, je mentirais si je disais que le retour s’est fait facilement. Au début, même si j’avais envie de retrouver le chemin de la compétition, je me suis posé des questions sur moi-même. Se préparer pour des grands rendez-vous comme l’Euro, c’est tout sauf une partie de plaisir. On se demande parfois si ça en vaut la peine. Mais c’est comme ça : le judo est un sport où il faut se faire violence si on veut obtenir des résultats. Heureusement, la récompense est là à chaque compétition. Parce que c’est un pur plaisir d’affronter d’autres gars et de sentir qu’on a les armes pour leur faire face.

Certains doutent lorsqu’ils montent d’une catégorie. Est-ce que ça a été votre cas également ?

Au début, je me posais beaucoup de questions. Mais c’est dans la tête tout ça. Se dire qu’il faut attendre un an avant de faire des résultats parce qu’on monte de catégorie, je n’y crois pas… Dans mon esprit, que je combatte en moins de 73 kilos ou en moins de 81 kilos, ça ne change rien ! Aujourd’hui, je ne m’embrouille plus l’esprit : mon seul objectif est de battre le mec qui est en face de moi.

Le judoka bruxellois s’est fait violence pour revenir à son niveau. © EdA – Alan MARCHAL

Vous ne regrettez donc pas votre décision ?

Non, certainement pas. Je pense même que c’est le meilleur choix que j’ai fait dans ma carrière !

Pourquoi ?

A cause de mes régimes à répétition, je me blessais tout le temps quand j’étais en moins de 73 kilos. D’ailleurs, je le paie encore maintenant : je ressens encore parfois quelques petites douleurs dans le dos. Mais bon, ce n’est rien par rapport à ce que j’ai pu connaître avant. Et puis personnellement, c’est un grand changement pour moi car j’ai une vraie vie sociale maintenant. Je peux enfin me permettre des petits extras qui m’étaient quasiment tout le temps interdits avant.

Aujourd’hui, après cette année compliquée, pensez-vous être devenu un autre judoka ?

Oui et non. Je n’ai pas changé de personnalité mais j’ai un peu évolué dans ma façon d’aborder les choses. En fait, je pense être devenu plus adulte qu’avant car ce n’est plus le stress qui me dirige en compétition. Même si je fais encore des erreurs qui sont liées au stress, elles sont moins nombreuses car j’ai pris de la bouteille. Au fil des ans, je vois bien que je perds de moins en moins mon influx nerveux dans des choses futiles. En fait, ce qui est dingue, c’est de se dire qu’auparavant je parvenais à faire des résultats alors que j’étais stressé comme pas possible en compétition.

© Alan MARCHAL

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