Malgré une 7e place “un peu décevante sur le coup”, François Latour a fait jeu égal avec les meilleurs judokas belges. Et ce, à l’âge de 47 ans.
Latour reste ambitieux. © EdA – Alan MARCHAL
Involontairement, François Latour était une des attractions des derniers championnats de Belgique. Pas tellement en raison de son palmarès, bien que le sociétaire du Gishi Jambes ait plusieurs fois été sacré champion national dans les catégories d’âge, mais bien à cause de son âge. En effet, alors que la majorité des judokas présents sur les tatamis de Herstal sont âgés d’une petite vingtaine d’années en moyenne, le Brabançon d’origine affiche 47 printemps.
“J’avais plus ou moins 20 ans quand une vilaine blessure au genou m’a forcé à arrêter le judo de haut niveau, raconte l’informaticien de profession. Pendant 25 ans, je n’ai quasiment plus fait de sport. Et puis un jour, il y a trois ans, j’ai eu l’opportunité de m’y remettre à fond. Depuis lors, j’ai perdu 30 kilos et j’enchaîne les entraînements de judo.”
Souvent en déplacement à cause de son métier, François Latour prépare alors son retour près de Toulouse avec Patrick Ferrara, près de Lille avec Anthony Dangre et à Jambes avec Eddy Auspert. “Il m’a tout fallu réapprendre, à commencer par les règles, se souvient le quadragénaire. Mais petit à petit, en m’entraînant avec les autres judokas, j’ai compris que j’étais à nouveau en mesure de rivaliser avec eux. Ca m’a motivé encore plus et ça m’a aussi donné l’envie de me tester dans de vraies compétitions.” Débute alors la seconde carrière de l’ancien champion de Belgique dont le premier sacre remontait à… 1985.
Miami pour oublier Herstal
Fort d’une condition physique retrouvée – “Je suis repassé sous la barre des 100 kg et je m’impose des séances de cardio plusieurs fois par semaine” – François Latour retrouve rapidement ses marques. “Depuis que j’ai repris la compétition, j’ai remporté quelques médailles dans des tournois vétérans. L’année passée, j’ai par exemple gagné l’Euro Masters (une sorte de Jeux olympiques de la discipline, NDLR) et j’ai décroché le bronze à l’Euro.” Parmi les cinq meilleurs judokas de sa catégorie chez les vétérans, en Europe et dans le monde, le sociétaire du Gishi Jambes a encore passé un cap il y a trois semaines en se qualifiant pour les finales des championnats de Belgique.
“C’est en me voyant enchaîner les bons résultats chez les vétérans qu’Eddy Auspert (l’entraîneur jambois, NDLR) m’a convaincu de m’aligner chez les seniors, avec tous les jeunes, explique l’informaticien. Et contrairement à 2015 où j’avais loupé le National d’un rien, je me suis qualifié cette année en terminant deuxième de ma catégorie au Régional. Malheureusement pour moi, ce samedi, tout ne s’est pas aussi bien passé que je ne l’aurais espéré…”
Défait dans ses deux combats de la journée, François Latour termine à la 7e place des championnats de Belgique. “Je pense avoir le niveau pour faire 3e, estime le judoka jambois qui avait écourté ses vacances et avalé près de 1.000 km pour venir combattre à Herstal. Le problème, c’est qu’il me manque encore un peu de punch face à tous ces jeunes qui sont affûtés. A mon époque, ça se jouait beaucoup moins sur le physique.”
S’il avoue avoir encore quelques progrès à faire pour ne plus être dominé à la garde par ses plus jeunes adversaires, l’élève d’Eddy Auspert compte bien effacer prochainement sa petite déception du week-end passé : “Je me rends la semaine prochaine aux championnats du monde vétérans, à Miami, pour y faire un résultat. Je vise au moins la 5e place mais ça ne sera pas facile car il y a quelques anciens champions qui s’y rendront également.” Quant à savoir s’il compte retenter sa chance dans un championnat de Belgique, François Latour ne tourne pas trop autour du pot : “Pourquoi pas ? Si mon corps me le permet, je n’hésiterai pas.” Histoire d’être le premier judoka de 48 ans à monter sur le podium d’un National seniors.
© Alan MARCHAL
