Van Tichelt : “Quand je fais la fête, je n’ai pas de limite”

Publié le 9 August 2016

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Le médaillé de bronze, fils d’éleveurs de porcs qui lui ont inculqué les valeurs de travail et d’abnégation, sait aussi savourer les bons moments. Après la cérémonie de remise des médailles, il se préparait à goûter quelques caipirinhas dans la nuit brésilienne.

© Belga

Van Tichelt ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. «Les Jeux de Tokyo en 2020? Je vais y aller année par année, mais j’aime le judo. C’est un jeu et je suis une “ jouette ”». © Belga

Après l’effort, le réconfort. Dirk Van Tichelt s’apprêtait à passer une courte nuit après avoir offert à la Belgique la deuxième médaille de ces JO. Le bronzé de Rio nous a ouvert son cœur.

Dirk, il s’agit de votre cinquième médaille dans un grand tournoi international. Est-ce la plus belle de votre carrière?

Oui, car décrocher le bronze dans une catégorie aussi dense, c’est fantastique. Je place ce tournoi au-dessus de mon titre continental de 2008, car les JO ne se déroulent qu’une fois tous les quatre ans, alors que le championnat d’Europe a lieu tous les ans.

Même pas une petite pointe de déception de ne pas avoir disputé la grande finale?

Si, parce que j’ai quand même perdu un combat. Le Japonais Ono m’avait battu ici aux Mondiaux 2013 et au Grand Chelem de Paris. En accomplissant une fois un geste à droite, et l’autre fois à gauche. Il a encore tenté ici, mais il a vu que je réagissais directement. Du coup, il a sorti un nouveau gros truc de sa boîte. Manifestement, il avait encore quelques autres techniques sous le coude. C’est dommage de ne pas avoir pu attaquer et scorer.

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Van Tichelt n’a qu’un regret : “Ne pas avoir pu attaquer contre Ono.” © AFP

Est-ce une revanche par rapport à vos Jeux 2008 et 2012?

En 2008, j’avais déjà réussi mon année (NDLR: avec son titre européen à Lisbonne). Par contre en 2012, ça aurait dû tourner comme ici.

Est-ce seulement après votre deuxième combat contre le Sud-Coréen An, N.1 mondial, que vous vous êtes dit qu’un podium était envisageable.

Non, je me suis levé, et je ne savais même pas encore qui serait mon premier adversaire. Le coach m’a préparé comme pour un autre tournoi, et c’est seulement après chaque combat que je prenais connaissance du nom de mon adversaire. Vous savez, dans notre catégorie, les différences sont minimes. Lorsque je m’entraîne avec eux, je constate que j’ai aussi des ouvertures. Franchement, je me suis senti en forme toute la journée. Mon bras droit était juste un peu contracté après mon combat contre An.

Je suis 150 jours par an à l’étranger, et en janvier je vais devenir papa pour la première fois. J’ai de la chance que ma copine comprenne ce qu’est le sport de haut niveau

Vous avez 32 ans. Cette médaille va-t-elle vous donner l’envie de continuer jusqu’aux Jeux de Tokyo en 2020?

Je vais prendre année par année. Ça m’amuse car je considère le judo comme un jeu, et je suis une «jouette». Mais en janvier, ma copine va accoucher de notre premier enfant, et je pars à l’étranger 150 jours par an.

Après avoir tout connu sur les tatamis, votre paternité va peut-être amoindrir votre motivation.

Ou au contraire, ce sera tellement fatigant avec le bébé que je serai bien content de faire mes valises (rires). J’ai la chance que ma copine, kiné, comprenne ce qu’est le sport professionnel. Elle a fait partie des espoirs à l’école de sport de haut niveau à Anvers. Aujourd’hui, elle est kinésiste.

“Ce qui me rend le plus heureux, c’est de voir le bonheur que j’apporte autour de moi. Grâce à ma carrière, mes parents ont pu voyager. En tant que fermiers, ils n’allaient jamais qu’à la mer.”

Votre médaille, vous l’avez conquise devant vos parents.

Vous savez, c’est ça qui me rend le plus heureux: voir que j’apporte du bonheur autour de moi. Grâce à ma carrière, eux qui n’allaient qu’en vacances à la côte, ont pu découvrir plein de pays. Ils en ont même profité davantage que moi qui ne vois jamais que les chambres d’hôtel et les salles de judo. En tant que fermiers, éleveurs de porc essentiellement, ils m’ont inculqué les valeurs de travail. Mais après le labeur, je sais aussi faire la fête. Je n’ai alors pas de limite ou presque. Ici, c’est sûr, je vais boire des caipirinhas. Ce qui m’arrive est magnifique, mais il y a des choses bien plus graves ou plus importantes dans la vie que de gagner ou de perdre un combat.

Et votre médaille, où allez-vous l’exposer?

À côté des autres dans l’armoire. Mais je ne vous dirai pas dans quelle pièce. Sinon, vous allez venir me la voler (rires).

© A Rio, Pascal ALEXANDRE

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