Nikiforov à l’Euro “avec la rage de vaincre”

Publié le 22 April 2016

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Auteur d’un début de saison compliqué, Toma Nikiforov (23 ans) débarque à Kazan avec “l’envie de remettre les pendules à l’heure”.

© EdA - Alan MARCHAL

Nikiforov veut prouver qu’il n’a rien perdu de ses qualités. © EdA – Alan MARCHAL

Toma Nikiforov (-100 kg), comment abordez-vous votre Euro ?

Physiquement, j’ai de bonnes sensations. La préparation s’est bien passée. Avec Benjamin (Harmegnies, NDLR) et notre coach Damiano (Martinuzzi, NDLR), on a même été invité à peaufiner notre tavail à Paris, en compagnie de l’équipe de Teddy Riner. C’est important car ça m’a permis de cibler certains détails qui ont joué en ma défaveur en début de saison.

Justement, ce début de saison sans médaille, ça vous pèse ?

Je suis le premier à le reconnaître : pour l’instant, en compétitions, c’est loupé sur loupé depuis le début de l’année. J’enchaîne les erreurs et ça m’énerve. Personnellement, j’ai du mal à digérer ces défaites. Mais bon, il paraît que c’est normal et que tous les sportifs ont des hauts et des bas dans leur carrière.

Vous vous attendiez à ces contre-performances après votre superbe année 2015 (3e à l’Euro, 3e au Masters et 3e aux Mondiaux) ?

Non, pas du tout. Bien sûr que c’est normal de perdre – et je perdrai encore un jour ou l’autre – mais enchaîner trois défaites comme ça face à des judokas que je domine habituellement, je ne trouve pas ça normal.

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Je ne m’attendais pas à prendre une claque comme ça a été le cas ici lors des derniers tournois.

»

Comment expliquez-vous ces défaites ?

A Cuba, je pense que j’ai voulu trop bien faire, trop vite. Je revenais d’opération, c’était mon premier tournoi de l’année, j’étais très excité… Je n’ai sans doute pas pris le temps de poser mon judo. A Paris, c’est un peu différent. Mon erreur ce jour-là, c’est sans doute de m’être projeté trop vite en finale contre Cyril Maret (le Français qu’il avait battu en petite finale aux Mondiaux 2015, NDLR) au lieu de prendre combat par combat. Quant à Samsun, je me laisse endormir. Ce n’est pas acceptable à ce niveau…

Sans doute que vos adversaires vous analysent plus qu’avant aussi…

C’est clair qu’en remportant des médailles à l’Euro et aux Mondiaux, je suis passé du statut de challenger à celui de favori. Que mes adversaires analysent plus mon judo et soient plus motivés lorsqu’ils me rencontrent, c’est même logique. Et ça ne me dérange pas. Au contraire, ce nouveau statut me motive : il me donne envie de prouver que je mérite ma place dans le top mondial.

Vous fonctionnez beaucoup à l’orgueil. Est-ce que ça ne risque pas de vous jouer de mauvais tours ?

Oui, et les gens le savent bien dans le circuit. Perdre trois fois de suite comme ça a été le cas à Cuba, Paris et Samsun, je ne le conçois pas. Mais dans un combat, je ne sais rien refuser… Quand on me taquine, je réponds, même si ce n’est pas nécessaire parce que je mène au score par exemple. Si un gars veut me montrer qu’il est plus fort que moi dans un domaine précis, je vais vouloir lui montrer que je suis au moins aussi fort que lui à ce jeu-là. J’ai pourtant plein d’armes pour répondre autrement, je le sais : je pourrai le jeter d’une autre manière, mais je suis comme ça, je fonctionne à l’orgueil. Maintenant, il faut que je m’améliore dans cet aspect tactique des combats.

Le regard des gens sur vous a changé depuis l’année passée. Vous en rendez-vous compte ?

Oui, je sens bien que le grand public s’intéresse un peu plus à moi qu’avant. Il y a pas si longtemps que ça, j’étais le petit nouveau qui arrivait mais ça a bien changé. On me sollicite beaucoup, mais, aujourd’hui, je ressens parfois le besoin de me recentrer sur moi. Histoire de me recentrer aussi sur mes objectifs.

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A Kazan,tout le monde sera là et prêt : il faudra le vouloir plus que les autres, c’est tout. Mon objectif, ce sera simplement de les mettre sur le dos !

»

Parmi ces objectifs, il y a l’or à Kazan…

Oui, ça fait longtemps que je n’ai plus touché l’or en plus. Depuis les championnats du monde militaire en fait. Et ça me manque… Je n’ai d’ailleurs jamais gagné un championnat d’Europe, excepté peut-être les EYOF mais c’est encore différent. Ici, en plus, c’est l’année des JO. Ca me permettrait aussi de marquer un grand coup avant le Masters, puisque ce sont les Européens qui dominent dans ma catégorie.

Vous avez donc Rio dans un coin de la tête déjà ?

Oui et non. Je ne vais pas dire que je n’y pense pas, mais je vais à Kazan pour devenir champion d’Europe. Le reste n’a pas encore d’importance. Après, il ne faut pas se mentir non plus : cet Euro est l’occasion de retrouver les meilleurs judokas de ma catégorie, ce qui veut dire que ce sera aussi l’occasion de remettre les pendules à l’heure pour moi. Les Jeux Olympiques, avec le stress et la pression qu’ils engendrent, seront sans doute plus compliqués : ce sera une autre ambiance.

© Alan MARCHAL

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