Martinuzzi : « Toma est un judoka incroyable »

Publié le 29 August 2015

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« Ce qu’a fait Toma est fantastique ! » Et c’est son coach à Astana, Damiano Martinuzzi, qui le dit.

© AFP

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Aux côtés de Toma Nikiforov à Astana, Damiano Martinuzzi a vécu « une journée folle » au rythme des ippons et des blessures de son protégé. Interview.

Damiano Martinuzzi, quelle journée !

C’est incroyable ce qu’on vient de vivre. Il n’y a que Toma qui peut donner des émotions pareilles. C’est un judoka incroyable. Ce qu’il a fait, c’est fantastique ! Il suffit de voir comment il s’en sort en petite finale face à Cyrille Maret… Je n’en reviens pas, c’est fou.

Vous avez craint le pire en voyant que Toma s’était à nouveau blessé au doigt ?

Bien sûr. Quand on a un judoka qui se bat pour un podium en championnat du monde, ce genre de blessure est la pire chose qui puisse lui arriver. Être obligé de remettre en place son doigt qui est constamment déboîté, c’est compliqué à gérer. Et puis, ça handicape beaucoup : Toma était incapable de saisir correctement le judogi de son adversaire. Bref, commencer une finale à une main, avec la douleur qui accompagne la blessure, c’était sans doute ce qu’il y avait de pire. A ce moment-là, tout le staff a pris une gifle. D’ailleurs, ça aurait pu se terminer beaucoup moins bien si Toma n’avait pas tout donné en fin de combat. Avec trois pénalités contre lui, il n’avait plus d’autres choix que d’attaquer sans cesse. Et c’est ce qu’il a fait à merveille.

Il aurait même pu se contenter de son waza-ari d’avance en fin de combat, non ?

Oui et non. Il ne restait peut-être plus que 30 secondes au chrono mais Toma avait déjà trois pénalités : une quatrième et il était dehors. Du coup, ce ippon qu’il met en fin de combat rassure. Et puis, ça fait plaisir de terminer comme ça.

Toma était en pleurs sur le tapis…

C’est du à l’émotion forcément, mais à la douleur aussi. Il a vraiment été très loin pour aller chercher cette victoire. Sans compter que c’est la récompense de nombreux sacrifices au quotidien. Pour un judoka francophone belge, prendre le bronze dans un championnat du monde, ce n’est pas si fréquent : il faut savourer ça.

Que doit-on penser de sa seule défaite du jour contre Lukas Krpalek ?

© Zahonyi (IJF)

© Zahonyi (IJF)

C’est peut-être la seule erreur tactique que Toma a commis aujourd’hui. Au lieu de profiter de sa mobilité comme il l’avait par exemple bien fait à Cuba, Toma est resté trop souvent dans l’axe du Tchèque en début de combat. Après, lors de la deuxième partie du combat, c’était beaucoup mieux. Mais c’est arrivé un peu trop tard malheureusement. Là où je suis très heureux, c’est que cette défaite ne lui a pas mis un trop gros coup au moral. Je lui ai dit qu’il y avait encore une médaille de bronze à prendre et il s’est vite reboosté. D’ailleurs, ça s’est vu par la suite où il a battu le champion olympique et le Français Maret. C’est dans ce genre de situation, lorsqu’on est battu et qu’on se relève plus fort, qu’on voit les champions. Et aujourd’hui, Toma en fait partie.

Comment envisagez-vous la suite maintenant ?

Avec l’Euro, les Mondiaux constituaient le gros rendez-vous de l’année. Maintenant que c’est fini, c’est difficile de savoir ce qu’on va programmer pour Toma. Peut-être faudra-t-il penser à soigner ses crampes récurrentes aux doigts. Déjà à Tyumen, on nous avait dit qu’une petite opération ne serait peut-être pas superflue. On verra bien ce qu’en pensent les médecins à notre retour.

Quand on réussit un bon résultat comme celui-ci, est-ce qu’on pense déjà aux Jeux de Rio ?

Disons qu’Astana était un échauffement. D’un point de vue événementiel, c’est clair que ces Mondiaux étaient importants : ils donnent une idée de ce qui va se passer dans un an. Mais il ne faut pas se focaliser déjà sur Rio, c’est encore loin. Les JO sont tellement différents des autres tournois. Un champion du monde peut être sorti au 1er tour dans les Jeux. La pression y est beaucoup plus forte. Pour Toma, l’important est de continuer à travailler comme il le fait maintenant et ne pas se mettre une pression inutile sur les épaules.

© Alan MARCHAL

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